mardi 23 septembre 2008

Matin radieux



J'avais oublié ce petit texte "scribouillé" par une belle matinée d'été, mais l'automne si précoce cette année, me donne la nostalgie de ces matins là ...


Matin radieux


Depuis toujours il aime les petits-matins d’été. Ces matins, où le soleil tôt levé, ruse avec les persiennes closes ou les rideaux tirés. S’insinue dans les interstices, pour venir jouer, mutin, en petite tache lumineuse sur le drap ou même le bout du nez.
Il suit d’un regard encore embrumé, le petit rai de lumière qui danse. Il n’a pas encore envie de bouger. Il plisse les yeux. Se love plus confortablement au creux de l’oreiller pour un tête à tête secret avec le petit rayon facétieux.

Près de lui, un corps tiède s’étire et se glisse doucement hors du nid douillet. Il sait qu’elle va enfiler rapidement un short, un débardeur et des baskets. Il va entendre l’eau couler dans la salle de bain, pendant qu’elle se brosse les dents. Et puis très vite, la porte d’entrée va se refermer avec un petit claquement discret. C’est sa façon à elle d’aimer les matins d’été : elle va courir dans la nature qui s’éveille, fouler la rosée fraîche qui irise l’herbe, écouter les merles qui chantent à tue-tête dans les frondaisons, goûter la sérénité de cette heure matinale.

Lui, profite encore un peu de cette bienheureuse torpeur, résistant de plus en plus faiblement à l’appel de la clarté. Il se lève soudain, ouvre grand les volets et laisse entrer une profusion d’air et de lumière. Son regard parcourt distraitement le jardin, salue son saule pleureur préféré, s’attarde sur les roses anciennes près de la tonnelle, puis il se détourne de ce paisible spectacle et s’empare, impatient, du livre qui attend sur sa table de chevet, se vautre dans le lit défait et commence à lire …

En même temps que les mots, il aspire l’air encore un peu piquant, et le léger parfum des fleurs qui entrent par la fenêtre ouverte. Et quelle que soit l’histoire, elle s’embellit de la clarté rayonnante et du gai piaillement des oiseaux, dehors. Il ne voit pas passer le temps. Confortablement installé, profitant à la fois de la douceur ambiante, et d’un livre qui le passionne, il sait qu’il a ouvert l’une des portes du bonheur. Il se sent bien, aussi léger que ce matin d’été, plein de promesses …

Tout à l’heure, il faudra se lever. Tout à l’heure, il faudra clore les persiennes, à cause de la chaleur. Tout à l’heure il faudra fermer cette parenthèse paisible. Tout à l’heure le quotidien reprendra ses droits …

SW

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup ces deux textes que le hasard m'a fait lire l'un après l'autre. Probablement parce qu'ils mettent tous deux en évidence une parcelle de ce bonheur que tous nous recherchons, et qui est essentiel à mes yeux : prendre le temps de faire ce que l'on aime. Ici, en l'occurrence, vos deux personnages lisent, vautré au soleil ou dans un lit, fenêtre ouverte sur l'extérieur qui inconsciemment l'assaille d'odeurs et de luminosité.

Finalement, ils pourraient tous deux faire partie d'un ensemble dédié à l'épicurisme.

lady_en_balade a dit…

Merci d'avoir relevé la douceur de vivre de ces deux textes, Richard ... elle est bien présente ... on pourrait même dire que c'est l'un des personnages de ces histoires.