lundi 8 décembre 2008

Au pays des arbres ...





Au pays des arbres …

Il existe un petit pays des arbres. La vie des arbres y est très différente de ceux que nous connaissons. Dans leur pays, ils bougent, parlent, mènent leur vie d’arbres. Il y a les arbres coquets qui fleurissent sans cesse, les arbres distraits qui perdent des feuilles tout au long de l’année, au grand dam des jeunes osiers chargés du nettoyage, les arbres généreux qui donnent leurs fruits, les saules pleureurs qui offrent leur soutien amical dans les moments de grande peine et beaucoup d’autres encore. Chacun a aussi son caractère. Le vieux baobab est un grognon notoire, dont l’humeur s’aigrit encore quand il n’a pas sa dose de soleil. Quant à l’immense cèdre du Liban, autant s’écarter de son chemin quand il se déplace pour ne pas marcher sur ses branches. Pas trop quand même sinon ce grand susceptible se sentirait mis à l’écart. Vous l’aurez deviné, la vie au pays des arbres est assez « humaine » finalement.
Il y en a une justement – oui une jeune arbre au féminin – une jeune tilleul, qui ne sait pas trop si elle a envie d’être tilleul, ou plutôt cèdre, car elle trouve le grand susceptible superbe. Ou pourquoi pas érable du canada ? Cette magnificence en automne … Il y a de quoi rêver. Tilleul c’est un peu commun. Sa mère a beau lui répéter que les tilleuls sont des arbres magnifiques. En plus, elle pousse droit ! Pousser un peu de travers lui donnerait un côté rebelle, mais non, il faut qu’elle pousse droit … Et puis finalement ce n’est pas si mal de pousser droit, quoi de plus beau que le ciel ? Quand elle pense à ses copines qui trouvent malin d’aller se frotter aux ronces pour s’affirmer … Non mais !!!

Pendant le long hiver de sommeil de cette année là, elle fait un rêve, un cauchemar plutôt. Elle se voit au bord d’un étang … elle sait qu’elle veut aller de l’autre côté de l’étang, mais des mains cueillent sa floraison et elle se laisse faire, puis on coupe ses branches et elle se laisse toujours faire, quand on scie son tronc, il est trop tard, elle ne peut plus bouger, elle se rend compte que sa souche blessée est enracinée profondément …

Au printemps, elle court vers le plus vieux tilleul du pays. Baucis est tranquillement assise devant sa maison avec Philémon. Elle s’assied à ses pieds et lui raconte son rêve. Baucis caresse la douce frondaison vert tendre et lui sourit : « Le don total c’est … l’Amour … »
Même si elle est encore un peu jeune pour comprendre vraiment … le sourire, la douceur et l’expérience de Baucis la rassurent. Et avant d’en arriver à l’état de souche, elle a envie de devenir un magnifique tilleul aux larges feuilles mouvantes, offrant de l’ombre et une floraison odorante tous les ans au début de l’été.

SW