mercredi 27 août 2008

Petite poupée



Petite poupée


Petite poupée

Cassée,

Abandonnée,

Au fond du grenier,

Dans un coin de mémoire,

Dans l’ombre du soir …

Petite poupée

Mise de côté

Délaissée,

Tu étais aimée,

Le temps a passé,

Mille regrets …

Petite poupée

Brisée,

Désespérée,

Tu es la reine du grenier,

Mais tu pleures

Car tu as un cœur.

jeudi 7 août 2008

Rêver de la lune


Rêver de la lune et cueillir des étoiles,

Danser sur l’écume des océans,

Suivre les rôdeurs, sur les ailes du vent,

Faire voile, d’île en île, dans le sillage des corsaires,

Ebouriffer, sans peur, la crinière des lions,

Connaître les refuges des anges,

Tutoyer les muses sages et les petits lutins facétieux,

S’abandonner dans un jardin secret,

Poser ses pas dans ceux de l’espérance,

Ecouter en silence, des notes de piano qui s’égrènent,

Broder des poèmes de mots légers,

Murmurer doucement « Je t’aime » … et se savoir aimé(e) ….



SW

lundi 4 août 2008

Un trop court été


Un trop court été

Ils se sont appartenus un trop court été. Un merveilleux été d’amour et de soleil, un été de tendresse, un été de siestes à l’ombre et de nuits blanches, un été parfait. Il n’y avait rien à ajouter et rien à retirer puisqu’ils étaient tous les deux. Tout était bonheur : la légère brise marine, les baignades, les brugnons juteux et les melons sucrés, le farniente sous l’ombre mouvante des arbres, les dîners en amoureux, les promenades sous les étoiles, les éclats de rire partagés, les baisers salés ou volés, les réveils sur le même oreiller, l’abandon d’une tête au creux d’une épaule, le bleu de l’océan, le parfum des fleurs, les gestes et les regards …

Ils pensaient avoir la vie devant eux … de préférence même l’éternité …

Que s’est-il passé ? Le vent d’automne était-il plus violent cette année-là, ou la vie plus intraitable ? Nul ne le saura jamais mais c’est solitaires, que leurs deux cœurs entrèrent dans le plus froid des hivers.

Elle a pleuré, lutté et sombré, s’est battue et débattue. Elle a écrit pour oublier et aussi pour ne rien oublier. Elle n’en parlait jamais, mais « lui » parlait sans cesse tout au long de ses journées.

Il a eu mal et s’est réfugié dans le travail. Il a essayé de se persuader que tout allait bien et parfois il arrivait presque à y croire. Il a rempli sa vie à ras bord de gens et d’évènements pour combler une seule absence.

Comment vivre sans espoir ? Comment survivre sans renier ses souvenirs, sans les ternir ? Comment sortir de longues nuits sans sommeil pour plonger dans la vacuité des journées ? Comment malgré et envers tout garder intacte la vague de tendresse qui submerge tout, quand le nom de l’autre s’impose, n’importe où … n’importe quand …

Le bonheur semblait enfui, mais l’histoire continuait, souterraine, secrète.

Ils ont tenu bon. Ils ont préservé les fantômes légers qui se mouvaient dans leurs mémoires. Ils ont pleuré aussi quand le doute et la solitude devenaient parfois trop forts.

De loin en loin, une rare lettre, un coup de téléphone précieux … remplis de mots anodins, qu’ils chargeaient de sens, faisaient revivre le soleil d’un été bien trop vite passé.

Et puis un jour, sans qu’ils s’y attendent, ils se sont retrouvés face à face dans la foule anonyme d’une grande ville étrangère. Le premier moment de surprise passé, elle s’est doucement approchée pour l’embrasser sur la joue et il a refermé ses bras sur elle pour un moment d’éternité.

Plus rien n’a existé alors, ni la beauté de la ville, ni la douceur de l’air, ni les gens qui se pressaient autour d’eux, ni le temps écoulé sans l’autre, rien à part ces deux corps qui se reconnaissaient, se ré apprivoisaient et reprenaient contact l’un avec l’autre sans se soucier du reste du monde. Ils ont fini par se séparer pour marcher ensemble d’un pas égal dans les vieilles ruelles de la ville.

Il l’a entraînée dans un jardin arboré. Là près d’une fontaine, au pied d’arbres centenaires, ils ont parlé avec des mots discrets de leur vie, de leurs doutes, de leurs blessures, de leurs certitudes, de ce qui n’a jamais changé … de leur amour.

Quand ils se sont séparés le lendemain matin, ils n’étaient pas redevenus les amoureux insouciants de l’été paradisiaque qu’ils avaient vécu. La vie ne leur avait prêté les clefs que temporairement. Ils savaient qu’ils souffriraient encore du froid et de l’absence et de cette impression indéfinissable d’être incomplet, mais ils savaient aussi qu’un fil aussi indestructible que fragile les relierait toujours. Qu’elle pouvait appeler son nom et que dans son ailleurs, il l’entendrait. Qu’il pouvait penser à elle, et qu’elle le saurait, à toute heure. Qu’ils pouvaient plonger dans leurs souvenirs ou rêver d’avenir et que ce serait vrai pour tous les deux …

Dieu ! Pourquoi cet été a-t-il été si court ?