lundi 8 décembre 2008

Au pays des arbres ...





Au pays des arbres …

Il existe un petit pays des arbres. La vie des arbres y est très différente de ceux que nous connaissons. Dans leur pays, ils bougent, parlent, mènent leur vie d’arbres. Il y a les arbres coquets qui fleurissent sans cesse, les arbres distraits qui perdent des feuilles tout au long de l’année, au grand dam des jeunes osiers chargés du nettoyage, les arbres généreux qui donnent leurs fruits, les saules pleureurs qui offrent leur soutien amical dans les moments de grande peine et beaucoup d’autres encore. Chacun a aussi son caractère. Le vieux baobab est un grognon notoire, dont l’humeur s’aigrit encore quand il n’a pas sa dose de soleil. Quant à l’immense cèdre du Liban, autant s’écarter de son chemin quand il se déplace pour ne pas marcher sur ses branches. Pas trop quand même sinon ce grand susceptible se sentirait mis à l’écart. Vous l’aurez deviné, la vie au pays des arbres est assez « humaine » finalement.
Il y en a une justement – oui une jeune arbre au féminin – une jeune tilleul, qui ne sait pas trop si elle a envie d’être tilleul, ou plutôt cèdre, car elle trouve le grand susceptible superbe. Ou pourquoi pas érable du canada ? Cette magnificence en automne … Il y a de quoi rêver. Tilleul c’est un peu commun. Sa mère a beau lui répéter que les tilleuls sont des arbres magnifiques. En plus, elle pousse droit ! Pousser un peu de travers lui donnerait un côté rebelle, mais non, il faut qu’elle pousse droit … Et puis finalement ce n’est pas si mal de pousser droit, quoi de plus beau que le ciel ? Quand elle pense à ses copines qui trouvent malin d’aller se frotter aux ronces pour s’affirmer … Non mais !!!

Pendant le long hiver de sommeil de cette année là, elle fait un rêve, un cauchemar plutôt. Elle se voit au bord d’un étang … elle sait qu’elle veut aller de l’autre côté de l’étang, mais des mains cueillent sa floraison et elle se laisse faire, puis on coupe ses branches et elle se laisse toujours faire, quand on scie son tronc, il est trop tard, elle ne peut plus bouger, elle se rend compte que sa souche blessée est enracinée profondément …

Au printemps, elle court vers le plus vieux tilleul du pays. Baucis est tranquillement assise devant sa maison avec Philémon. Elle s’assied à ses pieds et lui raconte son rêve. Baucis caresse la douce frondaison vert tendre et lui sourit : « Le don total c’est … l’Amour … »
Même si elle est encore un peu jeune pour comprendre vraiment … le sourire, la douceur et l’expérience de Baucis la rassurent. Et avant d’en arriver à l’état de souche, elle a envie de devenir un magnifique tilleul aux larges feuilles mouvantes, offrant de l’ombre et une floraison odorante tous les ans au début de l’été.

SW

samedi 29 novembre 2008

Novembre




Novembre

Comme des larmes dorées,
Les feuilles
Des bouleaux et des saules pleureurs
Tombent
Sur la surface frissonnante
De l’étang.
Un soleil orange
Descend sur les frondaisons,
Les illumine,
Se mire et s’étire
Sur l’eau.
Pendant un court instant
L’air se fait plus doux,
Le vent d’automne
Se couche dans les hautes herbes,
Le calme devient beauté
Et sérénité.
Le temps s’arrête
Pour peindre
Un petit morceau d’éternité.
Puis l’obscurité s’allonge,
S’étend.
Quelque part un oiseau crie.
Cette nuit,
Les brumes fantomatiques
Habilleront le spleen des âmes.

SW

dimanche 23 novembre 2008

Espoir





Au fond du vieux parc séculaire,
Une maison blanche semble dormir,
Nul feu dans l’âtre de pierre,
Nulle musique, ni bruit, ni rire.

Dans une chambre solitaire,
Un homme est perdu dans ses songes,
Un petit rayon de lumière
Taquine le voile de mensonges
Qui flotte dans sa mémoire rêveuse …
Il sourit et son regard change.
L’amour renaît d’une nébuleuse
Quand l’espoir prend les traits d’un ange.

SW

mardi 18 novembre 2008

Il est alors temps ...




Il est alors temps …


Quand l’ombre se fait insidieuse
Et que l’âme est triste,
Quand tout est pesant
Et que la raison n’a plus d’arguments
Quand même le soleil pâle
Semble mort et froid,
Quand le gris devient noir
Et que la vie semble évanouie …
Il est alors temps
D’invoquer la force secrète,
Le fantasme caché au fond de notre être :
L’ange qui répond à nos prières,
La douce fée à la baguette magique,
Le capitaine qui se rit des tempêtes,
Le roi ou la reine de cœur,
Dont le fantôme rôde dans nos nuits,
L’étoile inaccessible …
Et faire renaître l’impossible espérance,
L’étincelle infime qui annonce la lumière !

SW

samedi 18 octobre 2008

Muse étrange




Muse étrange


Adossé au bois noir d’une vieille grange,
Il rêve et se perd dans le bleu du ciel
Et il sourit aux kyrielles
De mots, que lui souffle une muse étrange.

Et soudain sa plume en suspens
Se met à courir sur les pages du carnet.
Sur son épaule, seul un papillon qui flânait
Lit les mots, qui se pressent comme un torrent.

Il livre son âme, toute de lumière et d’ombre
Il écrit le soleil d’un amour immortel,
Cette douceur, cette folie, cette vibrante étincelle
Qui tient tête, même aux heures sombres.

Il chante la tendresse, la passion, la beauté,
Il sourit au souvenir pénétrant
D’une caresse, qui doucement l’effleurant
A laissé son cœur tremblant, hébété …

Pris dans un tourbillon de douces ailes d’anges,
Loin, si loin de la terre,
Il abandonne au papier, ses pensées, ses mystères ;
Et son esprit, au charme de sa muse étrange.


SW

jeudi 2 octobre 2008

Capitaines ...




Capitaines …

Capitaines des tempêtes,
Cavaliers de l’orage,
Etes-vous conscients
De ravager les cœurs ?
D’y peindre trop de soleils
Et encore plus de nuages ?
Vous inspirez les muses,
Rendez les femmes fatales,
Piquez du bout du sabre,
Les plus lointaines étoiles.
Comme le vent joue avec le sable
Et façonne les dunes,
Vous caressez les âmes,
Et parfois, vous les brisez.
Capitaines des tempêtes,
Cavaliers de l’orage,
Que savez-vous de l’amour
Et des larmes ?

SW

vendredi 26 septembre 2008

Et Lilia sourit ...



Et Lilia sourit …

Dans le ciel noir velours,
La lune de lait
Attend le prochain jour,
Qui ne veut pas se lever.
Les petites étoiles malicieuses
Clignent des yeux
Et se penchent, curieuses,
Vers un même lieu.
Elles voient une maman tendresse,
Heureuse et fatiguée,
Un papa qui caresse,
Un bébé nouveau-né.
Comme un bouton de rose
Encore un peu fripé,
Sereine, repose,
Une petite fille aimée.
La nuit se fait douceur,
Devant la lune, complice,
Les petites étoiles en chœur,
Lancent un feu d’artifice.
Autour du berceau,
Les fées, ravies,
Déposent leurs cadeaux
Et Lilia sourit …

SW

mardi 23 septembre 2008

Matin radieux



J'avais oublié ce petit texte "scribouillé" par une belle matinée d'été, mais l'automne si précoce cette année, me donne la nostalgie de ces matins là ...


Matin radieux


Depuis toujours il aime les petits-matins d’été. Ces matins, où le soleil tôt levé, ruse avec les persiennes closes ou les rideaux tirés. S’insinue dans les interstices, pour venir jouer, mutin, en petite tache lumineuse sur le drap ou même le bout du nez.
Il suit d’un regard encore embrumé, le petit rai de lumière qui danse. Il n’a pas encore envie de bouger. Il plisse les yeux. Se love plus confortablement au creux de l’oreiller pour un tête à tête secret avec le petit rayon facétieux.

Près de lui, un corps tiède s’étire et se glisse doucement hors du nid douillet. Il sait qu’elle va enfiler rapidement un short, un débardeur et des baskets. Il va entendre l’eau couler dans la salle de bain, pendant qu’elle se brosse les dents. Et puis très vite, la porte d’entrée va se refermer avec un petit claquement discret. C’est sa façon à elle d’aimer les matins d’été : elle va courir dans la nature qui s’éveille, fouler la rosée fraîche qui irise l’herbe, écouter les merles qui chantent à tue-tête dans les frondaisons, goûter la sérénité de cette heure matinale.

Lui, profite encore un peu de cette bienheureuse torpeur, résistant de plus en plus faiblement à l’appel de la clarté. Il se lève soudain, ouvre grand les volets et laisse entrer une profusion d’air et de lumière. Son regard parcourt distraitement le jardin, salue son saule pleureur préféré, s’attarde sur les roses anciennes près de la tonnelle, puis il se détourne de ce paisible spectacle et s’empare, impatient, du livre qui attend sur sa table de chevet, se vautre dans le lit défait et commence à lire …

En même temps que les mots, il aspire l’air encore un peu piquant, et le léger parfum des fleurs qui entrent par la fenêtre ouverte. Et quelle que soit l’histoire, elle s’embellit de la clarté rayonnante et du gai piaillement des oiseaux, dehors. Il ne voit pas passer le temps. Confortablement installé, profitant à la fois de la douceur ambiante, et d’un livre qui le passionne, il sait qu’il a ouvert l’une des portes du bonheur. Il se sent bien, aussi léger que ce matin d’été, plein de promesses …

Tout à l’heure, il faudra se lever. Tout à l’heure, il faudra clore les persiennes, à cause de la chaleur. Tout à l’heure il faudra fermer cette parenthèse paisible. Tout à l’heure le quotidien reprendra ses droits …

SW

mercredi 17 septembre 2008

Fin d'été




Fin d'été

Elle est allongée paresseusement sur sa chaise-longue. Un vol d’étourneaux piaille bruyamment dans le tilleul dont les premières feuilles jaunissent. Douceur d’une fin d’été dorée … Le livre qu’elle lisait git dans l’herbe. Elle s’offre aux rayons déjà obliques du soleil, espérant réchauffer aussi son cœur qui frissonne. Elle rêve … Elle sent tout à côté d’elle cette présence si familière.

Il lui suffirait de tendre la main pour le toucher. Elle pourrait presque frôler son bras, effleurer cette cicatrice qu’elle connaît si bien. Non, elle poserait doucement sa main sur sa joue, dessinerait légèrement l’arrête du nez, le contour des lèvres. Elle plongerait dans ces yeux débordant de tendresse. Il suffirait d’un rien pour que s’y allume cette lueur de désir qui l’attirerait dans ses bras plus sûrement qu’un aimant. Qui souderait leurs bouches l’une à l’autre dans un baiser, tendre, passionné, fou. Le genre de baiser auquel il est impossible de se livrer en public, une sorte d’amour avant l’amour.

Elle n’a rien oublié du goût de ces baisers là, de ses baisers à lui … de la force de ses bras autour d’elle, de l’infinie douceur de ses doigts qui dessinaient sa peau, de la plénitude de leurs étreintes et du bonheur serein de leurs moments après. Elle se rappelle de ses gestes, de ses paroles, de ses chansons préférées. Ni le temps, ni l’absence n’ont rien altéré, rien effacé. Tout est rangé un peu en vrac dans la chambre de ses souvenirs : une grande maison à la campagne, un canapé rouge, un vieux piano, un voilier blanc, des tonnes de livres, des poèmes qu’elle pourrait égrener un à un, des voyages, des fous-rires, des chansons qui trottent dans sa tête, des lettres, des balades en moto, des baisers salés aux embruns, des retours précipités à la maison, une plage au clair de lune et … une armada de papillons en folie dans son estomac … Elle ne doit pas continuer, il faut fermer la porte de cette chambre aux souvenirs, s’arque bouter contre le battant et tirer le verrou … il le faut … Mais les papillons ne se laissent pas facilement déloger de son estomac … Ils s’agitent comme s’il allait arriver d’une minute à l’autre au portail du jardin.

Elle ferme les yeux, s’obligeant à respirer calmement. Lentement la tension se relâche. Des larmes coulent doucement sur ses joues, embrumant le soleil de gouttes irisées. Elle entend à nouveau ce qui se passe autour d’elle : les oiseaux toujours aussi criards dans le tilleul, des rires d’enfants dans un autre jardin plus loin, l’horloge de l’église qui sonne quatre heures. Elle se sent soudain très fatiguée, elle aimerait dormir, s’évader vers un nuage cotonneux, blanc, silencieux qui l’envelopperait de douceur. Comme ses bras à lui. Dieu, que ses bras lui manquent ! Elle aimerait juste s’y lover, poser sa tête au creux de son cou, à sa place et s’endormir tranquille, heureuse. Elle se dit que décidément rien n’est plus épuisant que le vide.

Elle reste encore un moment somnolente et rêveuse dans sa chaise-longue. Elle sent toujours sa présence et ressent toujours le besoin de sentir ses bras autour d’elle. Elle sait qu’elle n’a jamais connu d’amour plus passionnel, plus fusionnel, plus charnel que celui-ci et pourtant quand elle pense à lui, ce qui revient en premier et ce qui lui manque le plus est sa tendresse. Profonde, enveloppante, essentielle … Un cocon … Elle se lève lentement et retourne vers la maison. Quand il est omniprésent comme maintenant, il n’y a qu’une chose à faire : elle s’installe à son bureau, sort un grand cahier à spirales, qui a déjà pas mal vécu et un prend un stylo. Et elle se met à écrire …

SW

dimanche 14 septembre 2008

Légère




Ce poème existe en deux versions :


Légère
Comme un souffle
Une brise d’été
Un battement d’ailes de papillon
L’écume des vagues …
Aérienne
Comme un voile de soie
Une bulle de savon irisée
Une poussière qui danse …
Lumineuse
Comme un rayon de soleil
Un arc-en-ciel
Une goutte de rosée …
Douce
Comme une caresse
Le sourire d’un enfant
La présence d’un ange …
Etre légère
Dans ta vie
Comme l’air que tu respires …
Et essentiel comme lui !


Avoir la légèreté
D’une brise d’été
D’une poussière qui danse
D’un souffle de silence …
Etre lumineuse
Paraître heureuse
Comme un rayon de soleil
Une fleur qui s’éveille …
Irradier de douceur
Garder la candeur
D’un sourire d’enfant
D’un ange réconfortant …
Se montrer aérienne
Comme une soie arachnéenne
Un arc-en-ciel irisé
Une goutte de rosée …
Rester légère
Comme l’air
Et comme lui
Essentielle à ta vie …

mardi 2 septembre 2008

Larmes de sable



Larmes de sable


La plage est toujours aussi belle, le sable aussi fin et l’océan aussi bleu. La femme s’assied, adossée à la dune et laisse son regard se perdre sur les flots changeants. Le passé remonte en elle avec l’intensité des vagues sur la grève. Elle se demande pourquoi elle est revenue ici. Comme si elle avait besoin de cette douleur pour exorciser ses fantômes. Comme si elle avait besoin de cet endroit pour terminer une histoire commencée et non achevée.

Elle était venue dans ce bout de Sud-ouest quelques années auparavant. Un banal accrochage sur un rond point avait bouleversé ses vacances et sa vie. Sa petite voiture n’avait pas résisté à l’assaut d’un gros quatre-quatre. Elle s’était retrouvée choquée, désemparée et furieuse contre le conducteur responsable du naufrage de ses vacances. La voiture avait été immobilisée pour expertise et réparation pendant tout un bout de temps et elle avait inexplicablement accepté l’offre du « chauffard » de l’héberger pendant ce contretemps. Tout aussi inexplicablement, elle en était tombée totalement amoureuse. Sentiment partagé avait-elle cru. Elle avait passé des moments merveilleux avec cet homme et s’était prise à rêver d’une seconde chance dans la vie. Un reste de méfiance l’avait poussée à fuir quelques jours pour rendre visite à une amie âgée qui habitait la région, avant de revenir pour vivre une fin de vacances merveilleuse, presque magique …

Hier elle était revenue pour l’enterrement de cette amie et au lieu de rentrer chez elle, dans sa lointaine Suisse, elle avait entamé une sorte de pèlerinage. Et la voici assise sur cette plage où elle avait été si heureuse. Les larmes montent en même temps que les images, douces piquantes et insinuantes comme le sable sous ses pieds. Elle revoit chaque instant de ce jour là et quand cela fait trop mal, elle décide de remplacer les images par des points de suspension … des points de suspension lourds d’évocations et rendus immenses par le miroitement de ses pleurs et de l’eau … des points de suspension remplis d’un sourire et d’une tendresse auxquels elle n’a plus droit … des points de suspension qui contiennent une vieille maison accueillante, une chambre devenue alcôve, un piano … des points de suspension qui résistent à l’animation d’un marché, à une balade bordelaise … des points de suspension qui viennent éclater comme des bulles sur les souvenirs d’un après-midi sur cette plage …

Elle revient lentement à pieds vers le petit hôtel où elle a trouvé à se loger sans difficultés, en cette fin de saison. Les points de suspension continuent à jouer dans les gouttes de la longue douche qu’elle prend. Elle sait qu’elle n’aura pas le courage de revoir la maison … Elle repartira demain retrouver sa librairie et son pays. Lors de son dernier départ, elle était sûre que l’homme qu’elle aimait viendrait la rejoindre rapidement. Mais il n’y eut que du silence et de l’absence. Un silence assourdissant et une absence obsédante. Un vide sidéral. Nul signe de vie, nul message, un téléphone qui a sonné dans le vide, lorsqu’elle a essayé d’appeler deux fois, et aucune réponse à son unique lettre. Fidèle à sa discrétion légendaire et raide de fierté devant cette déception, elle n’a pas insisté. Mais elle n’a pas compris non plus. Pourtant elle n’arrivait pas à le détester. Elle l’aimait toujours et il lui manquait. Il serait toujours l’autre moitié de sa planète. Elle s’en était voulu de son éternelle candeur. Elle avait tenté de se convaincre qu’il s’agissait d’une blessure d’amour propre et que celle-ci n’était pas mortelle. Elle avait essayé de se dire que s’il n’avait pas voulu d’elle, c’était tant pis pour lui. Mais l’indice de confiance de son ego ne sortit pas grandi de ces petits jeux. Elle se sentait en situation d’échec. Et plus grave, elle dut s’avouer que son cœur était en lambeaux, la blessure profonde. Pendant longtemps, elle vécut comme une automate pour ne rien laisser paraître. Elle faisait son travail comme d’habitude, mais se replia sur elle-même et un voile de tristesse avait remplacé son sourire. Elle se sentait comme morte et seule sa souffrance lui rappelait que ce n’était pas vrai.

Ce soir, elle est la dernière cliente à venir manger. Le joli restaurant est presque vide, la terrasse déserte. Le garçon est aux petits soins pour cette cliente sympathique, mais triste et qui visiblement a pleuré. A chaque passage il lui demande si tout va bien, glisse une petite phrase gentille, lui demande si elle compte rester un peu dans le Bassin d’Arcachon. Elle lui répond en souriant que non et soudain, sans l’avoir prémédité elle ajoute : « Je suis revenue ici car j’y ai vécu des moments qui ont été parmi les plus heureux de ma vie ». Le garçon la regarde surpris et lui dit que c’est la seconde fois de la soirée qu’il entend cette même confidence : « Un client venu avant vous a utilisé les mêmes mots. Seulement après ces moments heureux, il n’a pas eu de chance. Il a failli perdre la vie dans un accident de la circulation. Après de nombreuses opérations, de longs séjours à l’hôpital et en rééducation il a enfin réappris à marcher et à conduire. C’est lui que vous voyez avancer doucement vers la plage, là-bas ».

Elle a l’impression que le sol s’ouvre sous ses pieds et se raccroche au bras du garçon. Avant qu’il ne s’inquiète davantage, elle le remercie d’un sourire et se met en marche vers l’homme appuyé sur une béquille qui regarde le jour s’évanouir sur l’océan. Il ne fait plus très clair et elle doit lutter contre ses larmes, mais quand l’homme se retourne, elle voit qu’il pleure et que dans sa main, il enferme une poignée de sable comme un trésor …



mercredi 27 août 2008

Petite poupée



Petite poupée


Petite poupée

Cassée,

Abandonnée,

Au fond du grenier,

Dans un coin de mémoire,

Dans l’ombre du soir …

Petite poupée

Mise de côté

Délaissée,

Tu étais aimée,

Le temps a passé,

Mille regrets …

Petite poupée

Brisée,

Désespérée,

Tu es la reine du grenier,

Mais tu pleures

Car tu as un cœur.

jeudi 7 août 2008

Rêver de la lune


Rêver de la lune et cueillir des étoiles,

Danser sur l’écume des océans,

Suivre les rôdeurs, sur les ailes du vent,

Faire voile, d’île en île, dans le sillage des corsaires,

Ebouriffer, sans peur, la crinière des lions,

Connaître les refuges des anges,

Tutoyer les muses sages et les petits lutins facétieux,

S’abandonner dans un jardin secret,

Poser ses pas dans ceux de l’espérance,

Ecouter en silence, des notes de piano qui s’égrènent,

Broder des poèmes de mots légers,

Murmurer doucement « Je t’aime » … et se savoir aimé(e) ….



SW

lundi 4 août 2008

Un trop court été


Un trop court été

Ils se sont appartenus un trop court été. Un merveilleux été d’amour et de soleil, un été de tendresse, un été de siestes à l’ombre et de nuits blanches, un été parfait. Il n’y avait rien à ajouter et rien à retirer puisqu’ils étaient tous les deux. Tout était bonheur : la légère brise marine, les baignades, les brugnons juteux et les melons sucrés, le farniente sous l’ombre mouvante des arbres, les dîners en amoureux, les promenades sous les étoiles, les éclats de rire partagés, les baisers salés ou volés, les réveils sur le même oreiller, l’abandon d’une tête au creux d’une épaule, le bleu de l’océan, le parfum des fleurs, les gestes et les regards …

Ils pensaient avoir la vie devant eux … de préférence même l’éternité …

Que s’est-il passé ? Le vent d’automne était-il plus violent cette année-là, ou la vie plus intraitable ? Nul ne le saura jamais mais c’est solitaires, que leurs deux cœurs entrèrent dans le plus froid des hivers.

Elle a pleuré, lutté et sombré, s’est battue et débattue. Elle a écrit pour oublier et aussi pour ne rien oublier. Elle n’en parlait jamais, mais « lui » parlait sans cesse tout au long de ses journées.

Il a eu mal et s’est réfugié dans le travail. Il a essayé de se persuader que tout allait bien et parfois il arrivait presque à y croire. Il a rempli sa vie à ras bord de gens et d’évènements pour combler une seule absence.

Comment vivre sans espoir ? Comment survivre sans renier ses souvenirs, sans les ternir ? Comment sortir de longues nuits sans sommeil pour plonger dans la vacuité des journées ? Comment malgré et envers tout garder intacte la vague de tendresse qui submerge tout, quand le nom de l’autre s’impose, n’importe où … n’importe quand …

Le bonheur semblait enfui, mais l’histoire continuait, souterraine, secrète.

Ils ont tenu bon. Ils ont préservé les fantômes légers qui se mouvaient dans leurs mémoires. Ils ont pleuré aussi quand le doute et la solitude devenaient parfois trop forts.

De loin en loin, une rare lettre, un coup de téléphone précieux … remplis de mots anodins, qu’ils chargeaient de sens, faisaient revivre le soleil d’un été bien trop vite passé.

Et puis un jour, sans qu’ils s’y attendent, ils se sont retrouvés face à face dans la foule anonyme d’une grande ville étrangère. Le premier moment de surprise passé, elle s’est doucement approchée pour l’embrasser sur la joue et il a refermé ses bras sur elle pour un moment d’éternité.

Plus rien n’a existé alors, ni la beauté de la ville, ni la douceur de l’air, ni les gens qui se pressaient autour d’eux, ni le temps écoulé sans l’autre, rien à part ces deux corps qui se reconnaissaient, se ré apprivoisaient et reprenaient contact l’un avec l’autre sans se soucier du reste du monde. Ils ont fini par se séparer pour marcher ensemble d’un pas égal dans les vieilles ruelles de la ville.

Il l’a entraînée dans un jardin arboré. Là près d’une fontaine, au pied d’arbres centenaires, ils ont parlé avec des mots discrets de leur vie, de leurs doutes, de leurs blessures, de leurs certitudes, de ce qui n’a jamais changé … de leur amour.

Quand ils se sont séparés le lendemain matin, ils n’étaient pas redevenus les amoureux insouciants de l’été paradisiaque qu’ils avaient vécu. La vie ne leur avait prêté les clefs que temporairement. Ils savaient qu’ils souffriraient encore du froid et de l’absence et de cette impression indéfinissable d’être incomplet, mais ils savaient aussi qu’un fil aussi indestructible que fragile les relierait toujours. Qu’elle pouvait appeler son nom et que dans son ailleurs, il l’entendrait. Qu’il pouvait penser à elle, et qu’elle le saurait, à toute heure. Qu’ils pouvaient plonger dans leurs souvenirs ou rêver d’avenir et que ce serait vrai pour tous les deux …

Dieu ! Pourquoi cet été a-t-il été si court ?

lundi 28 juillet 2008

Lui ... Elle ... Eux ...


Lui … Elle … Eux


Il est intelligent et brillant,

Elle est lunaire et rêveuse …

Son esprit est pétillant,

Elle est plutôt taiseuse …

Il a beaucoup bourlingué,

Elle ne voyage que dans sa tête …

Sans lui, elle est larguée,

Il est l’autre moitié de sa planète.


Il aime chanter et parler,

Elle l’écoute avec admiration …

Il a un humour décalé,

Elle rit sans modération …

Il est bourré de charme,

Elle aimerait en avoir …

Derrière le rideau des larmes,

Elle est le reflet dans son miroir.


Il sait se montrer intransigeant,

Elle plie mais ne rompt pas …

Elle le veut exigeant,

Mais troublé par ses appâts.

Ils sont loin et pourtant si près,

Ils se perdent et s’aiment

Et vivent en secret …

Dans le double d’eux-mêmes …

vendredi 18 juillet 2008

Rêves


Cindy se réveille … elle a rêvé du Prince Charmant. Elle essaie désespérément de retenir les bribes de rêve, qui telles les brumes d’Octobre s’effilochent au soleil. Elle ne bouge pas, n’ouvre pas les yeux, tente de rattraper le Prince qui chevauche vers son château et franchit la lourde porte, tout en se retournant une dernière fois. Ses bras vides se croisent sur sa poitrine, ses mains agrippent le drap en vieux lin un peu rêche qui la couvre. Il y a quelques instants, une bouche se posait sur sa bouche … il y a quelques instants, un chaud soleil dorait sa peau … il y a quelques instants …

Un hurlement déchire le silence matinal. Cette fois, le rêve est bien fini. Elle se lève d’un bond et découvre étonnée qu’elle est nue. Jamais elle n’a dormi nue dans cette maison ! Pas le temps d’y réfléchir. Elle enfile rapidement un pantalon et un tee shirt et file vers la nursery, d’où proviennent d’autres cris. Dans le couloir, une petite furie vociférante déboule dans ses jambes. Mais elle crie tellement que Cindy ne comprend pas un mot. C’est en voyant la curieuse coupe asymétrique qui encadre le petit visage furibond et la natte que l’enfant tient dans ses mains, qu’elle finit par comprendre : les insupportables jumeaux ont encore frappé. Une porte s’ouvre et une grande femme aussi revêche que belle, drapée dans un kimono de soie s’enquiert d’une voie excédée des causes de ce tapage matutinal : « Que se passe-t-il Cinderella ? Ne pouvez-vous faire tenir les enfants tranquilles ? Je me demande pourquoi vous êtes là ! » Une fois de plus Cindy maudit sa mère, de lui avoir donné ce prénom infernal à porter et maudit la belle revêche de l’appeler ainsi. Et puis, elle arrête de penser, car elle a besoin de toute son énergie pour reprendre les choses en main.

Enfin, en début d’après midi, quand Tweedle Dee et Tweedle Dum, comme elle les surnomme dans son for intérieur, sont au club de voile et que Mademoiselle accompagnée de sa belle et revêche mère sont parties chez le coiffeur, elle trouve un moment pour boire un café. Elle se demande une fois de plus, quelle idée saugrenue elle a eue d’accepter ce job pendant les vacances, décide de profiter de ses heures de liberté et de partir à la plage toute proche, pour une heure ou deux. Elle se baigne, s’installe sur sa serviette, lit un peu, puis doucement glisse vers une légère somnolence et se met à rêver …

¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯

Dans une villa proche, le même matin, Igor Leprince se débat dans un sommeil agité. Il se réveille dans un lit dévasté, mais le sourire aux lèvres. En se rasant, il se surprend à fredonner « Que je t’aime » et se jette un regard étonné dans la glace. En vérifiant du plat de la main, s’il est bien rasé, il a soudain l’impression de sentir la caresse légère d’une main féminine sur sa joue et de plonger son regard dans deux yeux noisette et rieurs. L’impression est si nette, qu’il se sent pris d’un léger vertige. Cela fait si longtemps qu’il n’a plus de femme dans sa vie. Que veut dire tout cela ?

Plus tard, assis sur la terrasse qui surplombe le parc, il se perd avec délices dans les récits de voyage de Dumont d’Urville. Soudain la description d’une île le rend songeur et il se revoit dans un lagon turquoise échangeant un baiser salé avec la femme aux yeux malicieux. Il se souvient soudain de son rêve : il avait rencontré Cendrillon sur une île du Pacifique. Cendrillon était sûrement presque quadragénaire et ne faisait pas le ménage de la plage. Elle vendait de superbes coquillages aux rares touristes et un vieil homme acariâtre criait son nom et l'invectivait parfois, depuis l'une des huttes posées entre plage et forêt. Il l'avait fait violemment, mais en restant prudemment au loin, quand pris d'une envie subite, Igor avait tout simplement embrassé la jolie vendeuse de coquillages, en sortant de l'eau. Contre toute attente, celle-ci ne s'était pas fâchée, mais avait ri de bon cœur en réponse à ce baiser. Ce souvenir le fait sourire et l'attendrit. D'habitude il ne se souvient jamais de ses rêves, pour tout dire en temps ordinaire, il n'y prêterait aucune attention, même s'il s'en souvenait.

¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯

Malgré l'animation de la plage, Cindy s'est endormie. Un nuage de sable, provenant d'un drap de plage qu'on secoue tout près d'elle, l'atteint au moment même où elle rêvait que perdue, en plein désert, dans une tempête de sable, un beau bédouin la sauvait. Elle se réveille en sursaut, ahurie et furieuse. Le maladroit à côté d'elle se confond en excuses. Bien qu'il soit encore tôt, elle décide de rentrer pour prendre une douche. Puis délicieusement rafraîchie, elle se pelotonne dans l'un des fauteuils de sa chambre avec un cahier et un crayon, bien décidée à jeter sur le papier quelques notes à propos de sa vie ici ... et peut être aussi à propos de ses rêves, qui l'intriguent.

Cindy est une jeune romancière connue des plus discrètes. Peu nombreux sont ceux qui connaissent son visage. Elle peut ainsi, travailler en toute quiétude sur le terrain pour préparer ses romans. En général, en plus des recherches assez pointues sur les sujets qui l'intéressent, elle se glisse souvent dans la peau de l'un ou l'autre personnage qu'elle veut faire vivre dans ses livres. C'est ainsi qu'elle a répondu à une annonce cherchant une aide efficace et polyvalente pour un séjour familial d'un mois à La Baule. Son rôle consiste à aider la maîtresse de maison pour l'intendance et s'occuper des trois enfants durant la matinée et la soirée. Par contre elle a tous ses après-midis de libre quand les enfants s'adonnent à diverses activités aquatiques ou sont à leur club sur la plage. Cela lui permet à la fois de se reposer et de prendre des notes pour donner corps à un personnage de Nanny, qui doit être l'héroïne de son prochain roman.

Cela amuse énormément Cindy, que la belle revêche ne sache pas qui elle est, alors qu'elle la voit régulièrement glisser son dernier roman dans son sac de plage, l'après-midi. Une coupe de cheveux plus courte, une teinture plus sombre, l'absence totale de maquillage et son vrai nom suffisent à la cacher. Cindy doit à sa mère anglaise, sociologue et déjantée, qui venait de soutenir une thèse sur l'importance des contes dans la société moderne, quand elle est née, ses deux prénoms : Cinderella et Alice. Son père, italien, explorateur et absent au propre comme au figuré, lui a laissé le doux nom de Primavera. Quand elle a commencé à écrire Cindy avait choisi le pseudo d'Alice C. Brighton (ville où elle avait grandi). Aujourd'hui personne ne peut deviner, que Cinderella Primavera et Alice C. Brighton sont une seule et même personne.

¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯

Le hamac se balance mollement entre deux arbres. Un léger ronflement annonce que son occupant s'est bel et bien endormi. Un livre ouvert abandonne ses pages aux caprices de la brise. Le dormeur est bien loin de la quiétude de ce jardin breton. Il se bat quelque part contre des millions de grains de sable qui le fouettent. Son chameau, d'habitude le meilleur des chameaux, irrité par la tempête lui marche lourdement sur le pied. Le bédouin ne peut retenir un juron. Ah, quel métier que de rechercher des touristes perdus dans le désert. Il espère qu'au moins la récompense sera en conséquence de ses efforts. Parfois, il envie ses ancêtres qui ne se contentaient pas d'attendre une récompense, mais qui rançonnaient les touristes sauvés du désert. Mais en attendant, sa préoccupation première est de trouver les grottes les plus proches, pour se mettre à l’abri. Il commence à se dire qu’il tourne en rond et qu’il ne marche plus dans la bonne direction, malgré son expérience du désert. Mais voilà qu’une ombre se profile dans le tournoiement de sable devant lui : les rochers. L’entrée des grottes n’est pas loin. Trois chameaux s’abritent du sable contre la paroi rocheuse. A l’intérieur, trois silhouettes suffocantes se débarrassent de leurs écharpes et de leurs vestes. L’une d’elle le regarde d’un œil interrogateur. Il lui semble avoir déjà vu ces yeux là. Mais où donc ? Le bédouin tousse … et le dormeur se réveille …

¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯

Ce soir la belle revêche reçoit. En manque de vie sociale, elle a décidé d’inviter les occupants des villas voisines pour une soirée barbecue dans le jardin. Elle a donc fortement besoin de Cindy. Pas question d’après-midi de libre ce jour là. Dès que les enfants sont casés, les ordres ont commencé à pleuvoir : « Cinderella vous passerez chez le boucher, j’ai commandé la viande. » « Cinderella prenez donc les fleurs en passant.» « Cinderella vérifiez s’il y a assez de boissons au frais. » « Cinderella venez j’ai besoin de vous à la cuisine ! » « Cinderella disposez les tables en demi-cercle autour de la piscine ! » « Cinderella faites ceci. » « Cinderella faites cela …. » « Cinderella dans une demi-heure il faudra chercher les enfants. » … Cindy n’a pas arrêté une minute. A peine a-t-elle le temps de prendre une douche rapide, d’enfiler une jolie robe et de se maquiller légèrement avant l’arrivée des invités.

L’un des invités qu’elle accueille est Igor Leprince. Ils se regardent d’un air étonné. Leurs regards restent accrochés l’un à l’autre. Cindy est très occupée pendant la soirée, mais souvent, Igor s’approche d’elle, lui sourit, ils échangent quelques mots. Enfin, quand presque tous les invités sont partis, ils trouvent le temps de s’asseoir à une table. L’air est doux. La flamme d’une bougie papillote dans le velours de la nuit. Son reflet danse dans les yeux souriants de Cindy. Igor est sous le charme.

Dans l’ombre, quelqu’un les observe … c’est la belle revêche. Elle tient à la main un long objet fin. Tout d’un coup, elle n’est plus revêche du tout, elle sourit et son sourire est chaud comme un soleil. Elle agite doucement la fine baguette dans sa main et une pluie d’étoiles se répand sur Cindy pendant qu’elle récite doucement une étrange formule. Cindy a disparu et la belle femme souriante est assise à sa place. Igor ne la quitte pas du regard … cela fait si longtemps qu’il rêve de ces yeux là …

(Sous la table, une petite Cinderella transformée en grenouille verte se dit qu’elle n’est pas encore de taille pour défier sa marraine fée et surtout que ce n’était pas une bonne idée de trouver charmant, Leprince Igor …)

samedi 12 juillet 2008

Un papillon bleu


Un papillon bleu


Un papillon bleu

Devant la fenêtre,

Dessine l’azur

Du bout de ses ailes.

La femme alanguie

Qui le suit

De son regard outremer,

Rêve éveillée,

De lagons turquoise

Et d’océans indigo.

Son cœur frissonne

Dans le givre bleuté

De sa solitude.

L’insecte fragile

Se pose, léger,

Sur l’épaule féminine,

La caresse

D’un frémissement poudré,

Fait revivre doucement

Un sentiment endormi,

Enfoui.

Un papillon bleu

Dessine l’amour

Du bout de ses ailes …

mardi 1 juillet 2008

Un fugitif état de grâce





Parfois, au fil de nos errances,

Entre quêtes et quotidien,

Il nous arrive de croiser un petit miracle,

De pouvoir toucher un rêve du doigt …


Pendant une étincelle d’éternité,

Nous dansons en apesanteur,

A l’aube des mondes et de l’amour,

Dans un fugitif état de grâce

mardi 24 juin 2008

Te souviens-tu ?


Te souviens-tu ?

Dans le jardin de l’amour,

Je hante le coin perdu

Où les pensées dessinent

Sur leurs pétales délavés

Le mot Souvenir

Te souviens-tu ?

Te souviens-tu

De notre rencontre ?

De ce tourbillon en vert espoir

Et rose tendresse ?

Te souviens-tu de ce vieux mur

Qui pour nous

Ecrivait « Je t’aime » ?

Te souviens-tu

De ce court moment

Où nous avons été invincibles ?

Mais non invulnérables …

Te souviens-tu

De nos larmes ?

De nos désillusions ?

Te souviens-tu

De ces carnets

Que je glissais dans ta poche ?

De ces livres

Que tu choisissais pour moi ?

De ce carré de soie,

Doux comme la caresse d’un rôdeur ?

De la médaille

Qui a passé de mon cou au tien ?

De chaque cadeau

Comme d’un trésor ?

Te souviens-tu

De nos plages,

Et de nos océans ?

Te souviens-tu

De nos chansons ?

De ces paroles

Que nous aurions aimé écrire ?

Te souviens-tu

De nos tendres aveux ?

De nos confidences ?

Des secrets partagés ?

Te souviens-tu

De la douceur

Et de la passion ?

Te souviens-tu

De la douleur certains jours

Et des mots

Qui faisaient mal ?

Te souviens-tu

Des caresses et des baisers ?

Du désir sans cesse allumé ?

Te souviens-tu

Des papillons ?

Te souviens-tu

De mon sourire

A toi seul réservé ?

Te souviens-tu

De notre amour ?

Te rappelles-tu

Que j’ai été un ange …

Avant la chute ?

De l’ange j’ai gardé

La lumière diaphane …

Dame blanche,

Egarée sous le soleil pâle

Des rêves …


vendredi 20 juin 2008

Conte d'aujourd'hui


Parfois, dans le métro …

Dans le métro bondé, Delphine et Marinette feuillettent leurs magazines et commentent les articles. Comme chaque année avant l’été, les journaux féminins regorgent de conseils de beauté.

- La beauté est vraiment un job à plein temps, remarque Marinette avec philosophie.

- Et comment ! renchérit Delphine. Il faudrait des vacances pour trouver le temps de tout faire !

- Mincir avec des petites recettes miracle, faire du sport.

- Bronzer avant la plage et traquer tous les poils.

- Adopter un nouveau maquillage et essayer une nouvelle coupe de cheveux.

- Et de nouvelles fringues.

- Et pourquoi pas un nouveau mec ?

Elles éclatent de rire, sans s’occuper des regards mornes ou désapprobateurs de leurs voisins et plongent avec délices dans un article sur les méthodes dépilatoires.

- Oh, une épilation au sucre et aux fruits, ça doit sentir bon !

- Je me laisserais bien tenter par une épilation intégrale …

- Noooon ! ne fais pas ça ! Ca fait plus que mal !!! Et si jamais tu es pudique, oublie ! tu es sur un présentoir, comme un poulet plumé au marché.

Elles pouffent encore.

- Tu as essayé ?

- Oui l’an dernier avant les vacances, et je ne suis pas près de recommencer. J’avais l’impression qu’on m’arrachait la peau avec les poils. Par contre après tu ressembles à un bébé. D’ailleurs pour compléter cette impression, on te talque légèrement pour éviter tout frottement de ta lingerie.

Cela fait un moment que le jeune homme sur la banquette derrière elle ne s’intéresse plus à son livre, mais écoute leur conversation. Elles sont tellement dans leur bulle, qu’elles ne chuchotent même plus. Décidément le métro, c’est parfois mieux que le cinéma. Il suffit d’un peu d’imagination … Mais les deux gazelles devant lui ont déjà enchaîné sur un autre sujet. Marinette a en effet trouvé la page « Test » et les voilà qui s’amusent à trouver « Le mec de votre été ». En général, le préférez-vous :

  1. Macho – latino – velu
  2. Ultramince – androgyne – bi
  3. Blondissime – glabre – tatoué
  4. Passe muraille

Marinette et Delphine ne sont pas les seules à rire. L’éclat de rire du jeune homme leur répond. Quand elles se retournent, il fait semblant de s’absorber dans son livre, mais ses oreilles restent aux aguets. Et il n’est plus le seul. La gaieté paraît tout doucement s’insinuer dans quelques visages un peu moins fermés que les autres, qui eux aussi semblent maintenant attendre la suite … Aucun commentaire sur la réponse cochée … Question suivante … Pour trois semaines de vacances, choisiriez-vous :

  1. Un homme adorable et plein de charme, mais sans le sou
  2. Un homme sympathique et drôle, mais très laid
  3. Un homme intelligent et connu, mais pervers
  4. Un goujat puceau, totalement idiot mais beau et riche

Avant que nos deux amies aient pu répondre, la jolie fille de l’autre côté du couloir, lance gaillardement :

- Si ce n’est que pour la durée des vacances, je choisis le ‘d’ sans hésiter.

Une traînée de rire s’installe maintenant dans les rangées.

- La suite. s’impatiente une voix.

Delphine lit à haute voix … Votre destination de rêve avec lui :

  1. Une île au bout du monde sans eau chaude, ni électricité
  2. Son harem, dans son palais des mille et une nuits
  3. Du trekking au Népal
  4. Une villa à Saint-Tropez avec belle-maman

Mais voila que la rame s’arrête. Delphine prend congé de son amie et sort du wagon en même temps que bon nombre de passagers et que d’autres prennent leur place. Toujours plongée dans son magazine, Marinette grommelle :

- Tu parles d’un choix ! Ce test est totalement débile, je me demande si je n’aurais pas plus de chances de trouver le mec de mon été dans ce métro …

- Je suis disponible, ni macho, ni bi, ni tatoué. Et je ne suis pas totalement stupide, lui glisse dans son dos le jeune homme qui le premier avait commencé à écouter, en souriant. Elle se retourne surprise et ne peut s’empêcher de rire.

Et c’est ainsi qu’une jolie rousse rieuse et un grand curieux non dénué d’humour décidèrent de faire fi des tests des magazines, des conventions et de leur fatigue pour aller flâner ensemble dans la douceur d’une soirée estivale …