vendredi 26 septembre 2008

Et Lilia sourit ...



Et Lilia sourit …

Dans le ciel noir velours,
La lune de lait
Attend le prochain jour,
Qui ne veut pas se lever.
Les petites étoiles malicieuses
Clignent des yeux
Et se penchent, curieuses,
Vers un même lieu.
Elles voient une maman tendresse,
Heureuse et fatiguée,
Un papa qui caresse,
Un bébé nouveau-né.
Comme un bouton de rose
Encore un peu fripé,
Sereine, repose,
Une petite fille aimée.
La nuit se fait douceur,
Devant la lune, complice,
Les petites étoiles en chœur,
Lancent un feu d’artifice.
Autour du berceau,
Les fées, ravies,
Déposent leurs cadeaux
Et Lilia sourit …

SW

mardi 23 septembre 2008

Matin radieux



J'avais oublié ce petit texte "scribouillé" par une belle matinée d'été, mais l'automne si précoce cette année, me donne la nostalgie de ces matins là ...


Matin radieux


Depuis toujours il aime les petits-matins d’été. Ces matins, où le soleil tôt levé, ruse avec les persiennes closes ou les rideaux tirés. S’insinue dans les interstices, pour venir jouer, mutin, en petite tache lumineuse sur le drap ou même le bout du nez.
Il suit d’un regard encore embrumé, le petit rai de lumière qui danse. Il n’a pas encore envie de bouger. Il plisse les yeux. Se love plus confortablement au creux de l’oreiller pour un tête à tête secret avec le petit rayon facétieux.

Près de lui, un corps tiède s’étire et se glisse doucement hors du nid douillet. Il sait qu’elle va enfiler rapidement un short, un débardeur et des baskets. Il va entendre l’eau couler dans la salle de bain, pendant qu’elle se brosse les dents. Et puis très vite, la porte d’entrée va se refermer avec un petit claquement discret. C’est sa façon à elle d’aimer les matins d’été : elle va courir dans la nature qui s’éveille, fouler la rosée fraîche qui irise l’herbe, écouter les merles qui chantent à tue-tête dans les frondaisons, goûter la sérénité de cette heure matinale.

Lui, profite encore un peu de cette bienheureuse torpeur, résistant de plus en plus faiblement à l’appel de la clarté. Il se lève soudain, ouvre grand les volets et laisse entrer une profusion d’air et de lumière. Son regard parcourt distraitement le jardin, salue son saule pleureur préféré, s’attarde sur les roses anciennes près de la tonnelle, puis il se détourne de ce paisible spectacle et s’empare, impatient, du livre qui attend sur sa table de chevet, se vautre dans le lit défait et commence à lire …

En même temps que les mots, il aspire l’air encore un peu piquant, et le léger parfum des fleurs qui entrent par la fenêtre ouverte. Et quelle que soit l’histoire, elle s’embellit de la clarté rayonnante et du gai piaillement des oiseaux, dehors. Il ne voit pas passer le temps. Confortablement installé, profitant à la fois de la douceur ambiante, et d’un livre qui le passionne, il sait qu’il a ouvert l’une des portes du bonheur. Il se sent bien, aussi léger que ce matin d’été, plein de promesses …

Tout à l’heure, il faudra se lever. Tout à l’heure, il faudra clore les persiennes, à cause de la chaleur. Tout à l’heure il faudra fermer cette parenthèse paisible. Tout à l’heure le quotidien reprendra ses droits …

SW

mercredi 17 septembre 2008

Fin d'été




Fin d'été

Elle est allongée paresseusement sur sa chaise-longue. Un vol d’étourneaux piaille bruyamment dans le tilleul dont les premières feuilles jaunissent. Douceur d’une fin d’été dorée … Le livre qu’elle lisait git dans l’herbe. Elle s’offre aux rayons déjà obliques du soleil, espérant réchauffer aussi son cœur qui frissonne. Elle rêve … Elle sent tout à côté d’elle cette présence si familière.

Il lui suffirait de tendre la main pour le toucher. Elle pourrait presque frôler son bras, effleurer cette cicatrice qu’elle connaît si bien. Non, elle poserait doucement sa main sur sa joue, dessinerait légèrement l’arrête du nez, le contour des lèvres. Elle plongerait dans ces yeux débordant de tendresse. Il suffirait d’un rien pour que s’y allume cette lueur de désir qui l’attirerait dans ses bras plus sûrement qu’un aimant. Qui souderait leurs bouches l’une à l’autre dans un baiser, tendre, passionné, fou. Le genre de baiser auquel il est impossible de se livrer en public, une sorte d’amour avant l’amour.

Elle n’a rien oublié du goût de ces baisers là, de ses baisers à lui … de la force de ses bras autour d’elle, de l’infinie douceur de ses doigts qui dessinaient sa peau, de la plénitude de leurs étreintes et du bonheur serein de leurs moments après. Elle se rappelle de ses gestes, de ses paroles, de ses chansons préférées. Ni le temps, ni l’absence n’ont rien altéré, rien effacé. Tout est rangé un peu en vrac dans la chambre de ses souvenirs : une grande maison à la campagne, un canapé rouge, un vieux piano, un voilier blanc, des tonnes de livres, des poèmes qu’elle pourrait égrener un à un, des voyages, des fous-rires, des chansons qui trottent dans sa tête, des lettres, des balades en moto, des baisers salés aux embruns, des retours précipités à la maison, une plage au clair de lune et … une armada de papillons en folie dans son estomac … Elle ne doit pas continuer, il faut fermer la porte de cette chambre aux souvenirs, s’arque bouter contre le battant et tirer le verrou … il le faut … Mais les papillons ne se laissent pas facilement déloger de son estomac … Ils s’agitent comme s’il allait arriver d’une minute à l’autre au portail du jardin.

Elle ferme les yeux, s’obligeant à respirer calmement. Lentement la tension se relâche. Des larmes coulent doucement sur ses joues, embrumant le soleil de gouttes irisées. Elle entend à nouveau ce qui se passe autour d’elle : les oiseaux toujours aussi criards dans le tilleul, des rires d’enfants dans un autre jardin plus loin, l’horloge de l’église qui sonne quatre heures. Elle se sent soudain très fatiguée, elle aimerait dormir, s’évader vers un nuage cotonneux, blanc, silencieux qui l’envelopperait de douceur. Comme ses bras à lui. Dieu, que ses bras lui manquent ! Elle aimerait juste s’y lover, poser sa tête au creux de son cou, à sa place et s’endormir tranquille, heureuse. Elle se dit que décidément rien n’est plus épuisant que le vide.

Elle reste encore un moment somnolente et rêveuse dans sa chaise-longue. Elle sent toujours sa présence et ressent toujours le besoin de sentir ses bras autour d’elle. Elle sait qu’elle n’a jamais connu d’amour plus passionnel, plus fusionnel, plus charnel que celui-ci et pourtant quand elle pense à lui, ce qui revient en premier et ce qui lui manque le plus est sa tendresse. Profonde, enveloppante, essentielle … Un cocon … Elle se lève lentement et retourne vers la maison. Quand il est omniprésent comme maintenant, il n’y a qu’une chose à faire : elle s’installe à son bureau, sort un grand cahier à spirales, qui a déjà pas mal vécu et un prend un stylo. Et elle se met à écrire …

SW

dimanche 14 septembre 2008

Légère




Ce poème existe en deux versions :


Légère
Comme un souffle
Une brise d’été
Un battement d’ailes de papillon
L’écume des vagues …
Aérienne
Comme un voile de soie
Une bulle de savon irisée
Une poussière qui danse …
Lumineuse
Comme un rayon de soleil
Un arc-en-ciel
Une goutte de rosée …
Douce
Comme une caresse
Le sourire d’un enfant
La présence d’un ange …
Etre légère
Dans ta vie
Comme l’air que tu respires …
Et essentiel comme lui !


Avoir la légèreté
D’une brise d’été
D’une poussière qui danse
D’un souffle de silence …
Etre lumineuse
Paraître heureuse
Comme un rayon de soleil
Une fleur qui s’éveille …
Irradier de douceur
Garder la candeur
D’un sourire d’enfant
D’un ange réconfortant …
Se montrer aérienne
Comme une soie arachnéenne
Un arc-en-ciel irisé
Une goutte de rosée …
Rester légère
Comme l’air
Et comme lui
Essentielle à ta vie …

mardi 2 septembre 2008

Larmes de sable



Larmes de sable


La plage est toujours aussi belle, le sable aussi fin et l’océan aussi bleu. La femme s’assied, adossée à la dune et laisse son regard se perdre sur les flots changeants. Le passé remonte en elle avec l’intensité des vagues sur la grève. Elle se demande pourquoi elle est revenue ici. Comme si elle avait besoin de cette douleur pour exorciser ses fantômes. Comme si elle avait besoin de cet endroit pour terminer une histoire commencée et non achevée.

Elle était venue dans ce bout de Sud-ouest quelques années auparavant. Un banal accrochage sur un rond point avait bouleversé ses vacances et sa vie. Sa petite voiture n’avait pas résisté à l’assaut d’un gros quatre-quatre. Elle s’était retrouvée choquée, désemparée et furieuse contre le conducteur responsable du naufrage de ses vacances. La voiture avait été immobilisée pour expertise et réparation pendant tout un bout de temps et elle avait inexplicablement accepté l’offre du « chauffard » de l’héberger pendant ce contretemps. Tout aussi inexplicablement, elle en était tombée totalement amoureuse. Sentiment partagé avait-elle cru. Elle avait passé des moments merveilleux avec cet homme et s’était prise à rêver d’une seconde chance dans la vie. Un reste de méfiance l’avait poussée à fuir quelques jours pour rendre visite à une amie âgée qui habitait la région, avant de revenir pour vivre une fin de vacances merveilleuse, presque magique …

Hier elle était revenue pour l’enterrement de cette amie et au lieu de rentrer chez elle, dans sa lointaine Suisse, elle avait entamé une sorte de pèlerinage. Et la voici assise sur cette plage où elle avait été si heureuse. Les larmes montent en même temps que les images, douces piquantes et insinuantes comme le sable sous ses pieds. Elle revoit chaque instant de ce jour là et quand cela fait trop mal, elle décide de remplacer les images par des points de suspension … des points de suspension lourds d’évocations et rendus immenses par le miroitement de ses pleurs et de l’eau … des points de suspension remplis d’un sourire et d’une tendresse auxquels elle n’a plus droit … des points de suspension qui contiennent une vieille maison accueillante, une chambre devenue alcôve, un piano … des points de suspension qui résistent à l’animation d’un marché, à une balade bordelaise … des points de suspension qui viennent éclater comme des bulles sur les souvenirs d’un après-midi sur cette plage …

Elle revient lentement à pieds vers le petit hôtel où elle a trouvé à se loger sans difficultés, en cette fin de saison. Les points de suspension continuent à jouer dans les gouttes de la longue douche qu’elle prend. Elle sait qu’elle n’aura pas le courage de revoir la maison … Elle repartira demain retrouver sa librairie et son pays. Lors de son dernier départ, elle était sûre que l’homme qu’elle aimait viendrait la rejoindre rapidement. Mais il n’y eut que du silence et de l’absence. Un silence assourdissant et une absence obsédante. Un vide sidéral. Nul signe de vie, nul message, un téléphone qui a sonné dans le vide, lorsqu’elle a essayé d’appeler deux fois, et aucune réponse à son unique lettre. Fidèle à sa discrétion légendaire et raide de fierté devant cette déception, elle n’a pas insisté. Mais elle n’a pas compris non plus. Pourtant elle n’arrivait pas à le détester. Elle l’aimait toujours et il lui manquait. Il serait toujours l’autre moitié de sa planète. Elle s’en était voulu de son éternelle candeur. Elle avait tenté de se convaincre qu’il s’agissait d’une blessure d’amour propre et que celle-ci n’était pas mortelle. Elle avait essayé de se dire que s’il n’avait pas voulu d’elle, c’était tant pis pour lui. Mais l’indice de confiance de son ego ne sortit pas grandi de ces petits jeux. Elle se sentait en situation d’échec. Et plus grave, elle dut s’avouer que son cœur était en lambeaux, la blessure profonde. Pendant longtemps, elle vécut comme une automate pour ne rien laisser paraître. Elle faisait son travail comme d’habitude, mais se replia sur elle-même et un voile de tristesse avait remplacé son sourire. Elle se sentait comme morte et seule sa souffrance lui rappelait que ce n’était pas vrai.

Ce soir, elle est la dernière cliente à venir manger. Le joli restaurant est presque vide, la terrasse déserte. Le garçon est aux petits soins pour cette cliente sympathique, mais triste et qui visiblement a pleuré. A chaque passage il lui demande si tout va bien, glisse une petite phrase gentille, lui demande si elle compte rester un peu dans le Bassin d’Arcachon. Elle lui répond en souriant que non et soudain, sans l’avoir prémédité elle ajoute : « Je suis revenue ici car j’y ai vécu des moments qui ont été parmi les plus heureux de ma vie ». Le garçon la regarde surpris et lui dit que c’est la seconde fois de la soirée qu’il entend cette même confidence : « Un client venu avant vous a utilisé les mêmes mots. Seulement après ces moments heureux, il n’a pas eu de chance. Il a failli perdre la vie dans un accident de la circulation. Après de nombreuses opérations, de longs séjours à l’hôpital et en rééducation il a enfin réappris à marcher et à conduire. C’est lui que vous voyez avancer doucement vers la plage, là-bas ».

Elle a l’impression que le sol s’ouvre sous ses pieds et se raccroche au bras du garçon. Avant qu’il ne s’inquiète davantage, elle le remercie d’un sourire et se met en marche vers l’homme appuyé sur une béquille qui regarde le jour s’évanouir sur l’océan. Il ne fait plus très clair et elle doit lutter contre ses larmes, mais quand l’homme se retourne, elle voit qu’il pleure et que dans sa main, il enferme une poignée de sable comme un trésor …