mercredi 27 février 2008

Muses


Muses

Parfois les muses sont masculins,

Spirituels et magiciens

Intelligents, il va de soi

Avec un p’tit je-ne-sais-quoi,

Qui les rend beaux…

Un brin macho,

Bourrés de charme,

Sensibles aux larmes,

Ils subliment toutes les émotions,

Savent libérer les papillons.

Pour faire rêver les déesses

Et inspirer les poétesses

Ils se déguisent en croque-mitaine,

Corsaire ou capitaine,

Ils sont princes ou voyageurs,

Esthètes ou rêveurs.

Fantasmes ou fantômes légers

Ils s’insinuent dans les pensées,

Dansent dans les cœurs

En apesanteur …

Sèment une poussière d’étoiles,

Mystérieux voile,

Laissant une trace d’éternité,

Une petite bulle de beauté …

lundi 25 février 2008

Fruits défendus


Les arbres tendent vers le ciel ... vers tous les possibles ... mais parfois leurs plus beaux fruits restent défendus ...
et nous restons au sol ...
et nous en rêvons ...

Fruits défendus

Avec toi,

J’aurais cueilli toutes les étoiles

Jusqu’à la dernière,

J’aurais hissé les voiles

Sur les océans en hiver,

Avec toi,

J’aurais ri de mille bêtises,

Sans crainte du ridicule,

J’aurais inventé des heures exquises,

Légères comme des libellules.

Pour toi,

J’aurais repeint le ciel,

A tes couleurs,

J’aurais parfumé de mon miel,

L’amertume de tes heures,

Pour toi,

J’aurais traversé l’enfer,

A pieds nus,

J’aurais fleuri les déserts,

De mon amour ingénu.

Mais pour ton cœur d’or,

Assoiffé d’absolu,

Mes maigres trésors

Etaient des fruits défendus …

samedi 23 février 2008

L'hiver s'en va





L’hiver s’en va

Sur la pointe des pieds.

Un soleil timide

Déniche les perce-neiges

Et allume les premiers crocus.

Le vieux mur de pierre

Tiédit doucement

Sous les rayons pâles.

Un voile léger

Adoucit le bleu du ciel,

Et pose sur les arbres encore nus

Une promesse de bouquet.

La nature baille

Et s’étire

Prête à se parer.

Sur le rebord de la fenêtre

Un chat ronronne et se prélasse …

jeudi 21 février 2008

Expérience inédite



Expérience inédite


Une journée de février grise et froide. Quelques flocons, un peu de grésil. Ah, ne pas oublier la bise, pour agrémenter le tout. Un vrai temps à faire une sieste, roulée en boule sous la couette. Ou à se prélasser sur le sofa avec un livre, un thé fumant à portée de main. Pourtant, en fin d’après-midi, la voilà qui sort de chez elle pour se rendre à un rendez-vous inédit. Un petit quart d’heure plus tard, elle se gare sur la place de la ville voisine et resserre son manteau autour d’elle, avant de se diriger d’un pas rapide vers une vitrine éclairée. Elle connaît bien la jeune femme qui l’accueille amicalement et qui la conduit dans une petite pièce blanche, joliment décorée. Lumière tamisée. Musique presque imperceptible. Ambiance feutrée, feng shui serait le terme approprié.

« Enlevez tout » dit la voix douce, « même les bijoux. Ne gardez que votre culotte ! » Un ange passe et la pudique avale deux fois sa salive, puis lentement commence à s’exécuter. La coupelle censée recueillir les bijoux a mystérieusement disparu, elle les glisse donc en souriant dans l’un de ses escarpins, sûre ainsi, de ne pas les oublier dans une quelconque soucoupe. Vite s’allonger sur le ventre, sur la table de massage. Confort suprême, la table est recouverte d'un matelas chauffant. Quelques gouttes d’huile tiède coulent sur ses épaules, son dos, ses bras, ses cuisses, ses jambes et sont rapidement éparpillées. (Il lui semble repérer une odeur de romarin ... Ciel, serait elle le porcelet qu'on prépare pour la broche ? Stop ! Fermeture de la parenthèse, elle est là pour se faire chouchouter ... interdiction d'approcher, à toutes les pensées prosaïques). Puis les choses sérieuses commencent. Elle est massée, palpée, malaxée, dessinée, par des mains habiles des pieds à la tête, dans un lent mouvement perpétuel, qui détend, relaxe, apaise, incite presque à s’endormir. Est ce ainsi que ce sentait Adam pendant que Dieu le façonnait dans un peu de terre glaise ?

Au bout d’un moment qui paraît à la fois très long et très court, on passe du côté pile au côté face. Petit instant de flottement (oui, encore la pudique qui se réveille) … A nouveau les gouttes d’huile tiède et parfumée, à nouveau les mêmes gestes harmonieux, fermes, ciblés qui n’oublient aucune parcelle de peau jusqu’au lobe de l’oreille. Intense bien-être. Et puis dans un sourire, l'idée que tous ces gestes ne sont pas si apaisants que cela. Il est probable, que sur une clientèle mâle, l'effet pourrait être plutôt stimulant. Elle en rirait presque sous cape... Pourquoi faut-il toujours, que des pensées saugrenues lui viennent ?

Un épais et moelleux drap de bain chauffé la couvre pendant qu’elle se repose quelques instants et qu’on lui prépare un café. Elle se rhabille lentement, récupère ses bagues et son bracelet dans sa chaussure, se recoiffe rapidement et sort de la cabine. Elle remercie l’esthéticienne. Le massage était un cadeau, qu’on lui avait offert à Noël (tiens, deux mois déjà ? ). Elle se sent à la fois très bien, très détendue, légèrement cotonneuse et un peu mal à l’aise, comme si on lui avait volé un moment d’intimité …

samedi 16 février 2008

Dans ces deux lacs sombres


Dans ces deux lacs sombres …

Mon regard plonge dans le tien.

Je plonge toute entière

Dans ces deux lacs sombres d’amour contenu.

Je glisse en toi,

M’insinue.

J’envahis ta bouche d’un goût de baisers,

Commande à ton souffle,

L’accélère,

Fais trébucher les battements de ton cœur.

Je laisse frémir ta peau

Qui me réclame,

Trembler tes mains

De fièvre et de douceur.

Je suis la tendresse qui te berce

Et le feu qui brûle tes reins.

Je suis toi,

Moi, perdue en toi.

J’habite tes tripes,

Comme un cri de délivrance.

Je fais flageoler tes jambes

Qui te portent vers moi.

Je suis à la fois

Ange et démon, amour et papillon.

Je plonge …

Et je suis aspirée par toi …

mercredi 13 février 2008

Un coeur en hiver


Parfois même les coeurs ont froid ...

Un cœur en hiver

Dans la lumière pâle

De l’hiver finissant,

Mon cœur immobile

Reste brodé du givre

De la solitude …

Petites dentelles glacées

Qui blessent

La chair tendre

Sans la laisser saigner,

Gangue brillante et froide

Comme une étoile.

Dans la lumière pâle

De l’hiver finissant

Et interminable,

Mon cœur frissonne …

lundi 11 février 2008

Carnaval à Venise


Carnaval à Venise

Dans l’ombre complice des ruelles

On les voit déambuler,

Couverts de velours et de dentelles

Mystérieux et altiers …

Les masques de Venise.

*****

Un loup noir et or

Sur une silhouette élégante,

Se hâte dans ce décor

De gondoles évanescentes…

C’est le prince de Venise.

*****

Son cœur bat la chamade

Car il va la retrouver,

Cette princesse nomade,

Qui a su le charmer…

Elle, sa dame de Venise.

*****

Elle l’attend sur le balcon en filigrane

D’un palazzo défraîchi

Une robe de soie diaphane

La dévoile plus qu’elle ne l’habille …

Au clair de lune de Venise.

*****

Il la contemple,

Elle lui sourit

Et sur ses épaules qui tremblent

Il pose une cape couleur de nuit …

Ténèbres de Venise.

*****

Il l’entraîne dans la foule dansante,

Elle se serre contre lui

Douce et confiante

Et dans son regard levé, luit …

Toute la magie de Venise.

*****

Et soudain sous une arcade,

Seul à seule ils se retrouvent

Tendre promenade

D’un loup et de sa louve …

Dans le dédale de Venise.

*****

Il lui vole un baiser,

Elle lui offre une caresse

Et la lune irisée

Dessine leurs ombres avec tendresse …

Dans les canaux de Venise.

*****

Quand il dégrafe son corsage,

Et que ses baisers se font éperdus

Elle oublie d’être sage

Et s’offre sans retenue …

L’amoureuse de Venise.

*****

Ils courent vers une antique demeure

Eblouis et le souffle court

Et se perdent pendant des heures

Dans le jeu de l’amour …

Au cœur de Venise.

*****

Reliques abandonnées au pied d’un lit,

Une robe en soie et un loup

Parlent du désir qui unit

Dans un amour fou …

Les amants du Carnaval de Venise.


jeudi 7 février 2008

Bleu


Bleu

Si on me demande ma couleur préférée,

Je réponds blanc, sans hésiter.

Pourtant je porte souvent du noir,

Du chocolat, du beige ivoire.

Pourtant j’aime l’éclat du soleil

Les tendres pastels qui m’émerveillent.

Et surtout, il y a dans ma vie, ces bleus

Qui dansent en camaïeu :

Les bleus mouvants de l’océan,

En été l’azur du firmament,

Les rêves bleus qui bercent mon sommeil,

Un lagon turquoise qui miroite au soleil,

Les petits papillons bleus du poète,

La trace pervenche d’une encre discrète,

Le bleu des lavandes entre les roses,

Les ombres bleutées sous des paupières closes,

L’éclat du saphir qui brille à un doigt,

Des jeans délavés pour être moi,

Le marine classique et élégant d’un tailleur,

Des rires d’enfants bleu bonheur,

Les moments qui laissent des bleus à l’âme,

Les coups de blues, qui éteignent la flamme,

L’indigo profond des nuits d’été,

Et la fine veine bleue qui barre ton poignet.

samedi 2 février 2008

Le temps est une cathédrale


Le temps est une cathédrale

Le temps est une cathédrale

Et les rêves sont des prières

Qui se perdent sous l’immense voûte

A la lumière bleutée des vitraux.

Il faut une infinie patience

Pour les rattraper,

Leur rendre leur liberté,

Les laisser prendre forme,

Comme des ailes d’ange au-dessus de l’océan.

Il faut beaucoup d’espérance

Et une foi sans faille en l’amour,

Pour les transformer en bonheur.