
La fable de Colinette, la bergère barbare
Colinette,
La jolie bergère barbare,
Gardait ses moutons en haut d’une falaise.
Le hasard
Ou la providence
Avait fait qu’elle fut élevée par des nonnettes
Et apprit à lire.
Ce ne fut pas une réussite :
Colinette fut bergère bien légère,
Elle lisait trop, pour surveiller ses moutons,
Et les mouettes rieuses
L’incitaient trop à rire aussi,
Pour qu’elle soit une bonne barbare.
Un jour de printemps,
Prise dans sa lecture,
Elle ne vit pas arriver un voilier …
Un pirate en descendit.
Il trouva Colinette à son goût
Et après une résistance farouche,
Elle prit goût à ses caresses.
Mais un jour,
Le pirate amoureux lui apprit tristement
Qu’il était prince de sang
Et que dans son pays,
Les princes n’épousaient pas les bergères,
Même s’ils les aimaient
Et qu’il lui fallait un héritier.
Colinette le mit à la porte,
Le cœur en berne.
Lui, attendit un vent favorable et partit.
Pendant longtemps,
Colinette ne pensa plus à lire,
Ni a à rire,
Elle oublia moutons et mouettes
Et pleurait des rivières.
Puis à la foire d’hiver,
Elle rencontra le grand Colin,
Qui sut l’amuser
Et elle eut envie de le séduire.
Colin tira le gros lot.
Il eut un troupeau à garder
Et une femme érudite
Qui aimait rire.
Ils s’aimèrent tendrement …
Petit à petit, arrivèrent quelques Colinot
Et notre bergère barbare
Et liseuse
Fut compagne rieuse
Et maman gâteau.
Les années passèrent,
Mais toujours,
Colinette aimait rire
Et lire.
Une nuit d’été,
Dans l’ombre violette,
Elle découvrit une jeunette
Qui prenait la fenêtre de Colinot aîné
Pour la porte d’entrée.
Surprise, elle reconnut les traits du pirate
Sous les jolies bouclettes.
La jeune intruse, très décidée,
Clama tout de go
Qu’elle aimait son Colinot.
Pour une fois, Colinette se fâcha,
Fustigea l’impudente
Et lui raconta son histoire.
La jeune fille rit à gorge déployée et dit :
« Le pirate est mon père !
Le sot vous abandonna pour un ventre titré,
Du bout du comté.
Mais point de petit prince,
Comme escompté,
Uniquement une flopée de petites marquises,
Au demeurant, toutes exquises.
Je suis la plus jeune,
Libre de faire ce que je veux.
Et ce que je veux, c’est Colinot,
Ses moutons et son rire clair !
Je veux devenir barbare et bergère
Et liseuse rieuse ! »
Ce discours amusa Colinette
Et Colin donna son accord.
Et l’on continua à rire et à s’aimer
Dans la bergerie sur la falaise …
Moralité de l’histoire :
Mettez un prince à la porte
Et une marquise entrera par la fenêtre !
SW