Il était une fois une jolie princesse appelée Lune, qui se maria au prince Soleil. Ils vécurent longtemps heureux et eurent de nombreuses petites étoiles. Mais le temps passant ils se rendirent compte qu’il était difficile d’accorder le jour et la nuit. Lune n’aimait rien tant que de danser sur les vagues argentées et fraîches de l’océan, ou écrire des poèmes en regardant la voie lactée et Soleil considérait comme son devoir de visiter chaque jour les déserts arides et les forêts équatoriales. Ils se voyaient de moins en moins et Lune s’en inquiétait mais Soleil refusait de négliger ses tâches.
Un jour Lune rencontra Nuage, un vieux nuage épais, gris, aux bords déchiquetés, un nuage qui avait abrité des anges et des éclairs, un nuage usé qui avait bourlingué aux quatre coins des cieux, … mais un nuage qui prenait le temps de lui parler et de jouer à cache-cache avec elle. Ils prirent l’habitude de se promener ensemble dans la nuit et Lune se rendit compte qu’elle était tombée amoureuse. Amoureuse au point de songer à quitter Soleil toujours ailleurs et les étoiles qui n’avaient plus besoin d’elle. Elle aurait aimé s’installer avec Nuage sur une île perdue au milieu de la mer, elle aurait passé sa vie à l’écouter et à l’aimer.
Si Soleil, tout à ses occupations ne voyait rien, il en est un à qui rien n’échappait, c’était le roi Ciel, père de la princesse Lune. Il la convoqua et lui apprit qu’il connaissait son idylle et exigea qu’elle renvoie Nuage, qu’il traita de vieux vagabond, de charlatan, de faiseur de vent, de pauvre hère indigne d’une princesse, et autres joyeusetés. Il rappela à Lune sa naissance royale et ses devoirs. Elle se défendit de façon véhémente ou plutôt elle défendit son amour. Nuage était peut être vieux, sans beauté et sans aucune noblesse céleste, mais personne ne l’avait jamais aimée comme lui et jamais son propre cœur n’avait connu telle passion.
Lune s’enfuit du palais paternel et courut se lover dans les volutes de Nuage. C’était l’endroit au monde où elle se sentait le mieux. Elle posait sa tête dans le creux de son cou et se fondait dans son infinie tendresse. Nuage, aussi triste qu’elle, essayait pourtant de la persuader que la séparation était la solution qui ferait le moins de dégâts et un matin à l’aurore il se dirigea vers les contrées chaudes, résolu à disparaître en gouttes bienfaisantes sur une terre desséchée que son eau ferait revivre.
Désespérée Lune partit se réfugier sur l’île où elle avait espéré vivre avec Nuage. Elle faillit se déliter. Sans l’amitié de l’Océan, elle serait morte, d’ailleurs une part d’elle-même était morte. Elle reprit sa vie de princesse céleste, mais presque en automate. Elle ne s’autorisait de faiblesse que quand elle revenait sur l’île, pour y pleurer, parfois pour essayer de mettre sa tristesse en mots dans des poèmes mélancoliques et arachnéens que le vent emportait dans la nuit. Alors elle s’asseyait au bord des vagues et appelait inlassablement son amour. Un soir la mer vint à sa rencontre quand elle appela Nuage et revint à chaque fois qu’elle répétait tendrement son nom. Elle eut l’impression de voir des volutes fantomatiques se former devant son regard. De toute la force de son amour, Nuage s’était laissé pleuvoir, avait couru dans la terre pour rejoindre une rivière, puis l’océan, s’était battu contre courants et tempêtes pour revenir lentement vers l’île, porté par des milliers de vagues.
Depuis, assise toutes les nuits sur la plage, Lune rêve de se lover dans les volutes de Nuage, et quand elle l’appelle, toute la mer monte vers elle. Et Lune veille tendrement sur les marées que son amour pour Nuage a créées car tous les jours, par deux fois, Nuage sous sa forme marine vient rendre visite à sa bienaimée, l’embrassant de milliers d’embruns …
4 commentaires:
très joli et très douce histoire
merci careli ... que la lune veille sur toi !
Arrivée ici par hasard, cette histoire restera en moi quelque part. La lune est belle, et cette histoire aussi .
merci couette ! peut-être que tu verras Lune et Nuage enlacés une nuit d'été, sur une plage déserte ...
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